Variole

La variole ou petite vérole est une maladie infectieuse d'origine virale, particulièrement contagieuse et épidémique, due à un poxvirus.



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Infection virale - Histoire des maladies infectieuses

Variole
Classification et ressources externes
CIM-10 B03
CIM-9 050

La variole ou petite vérole est une maladie infectieuse d'origine virale, particulièrement contagieuse et épidémique, due à un poxvirus. Elle a été complètement éradiquée le 26 octobre 1977 (date du dernier cas connu en Somalie, un certain Ali Mao Malin, cuisinier hospitalier[1]), grâce à une campagne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) combinant des campagnes de vaccination massive, dès 1958, avec une «stratégie de surveillance et d'endiguement», mise en œuvre à partir de 1967.

Rappelons tout de même que lors des célébrations de l'éradication de la variole en août 1978, une photographe de l'École de Médecine de l'Université de Birmingham, avait contracté cette maladie au Département de Microbiologie, en manipulant directement le virus[2].

Le mot variole vient du latin varus, i (qui veut dire pustule) et de varius, a, um (qui veut dire moucheté). En effet, la variole se définit en quelque sorte par un "mouchetage de pustules".

Le virus

Microscopie électronique en transmission de pox-virus.

Il fait partie des pox-virus qui causent entre autres :

Historique

Connue dans la Chine ancienne où elle aurait été introduite en l'an 49 de notre ère, il est le plus souvent admis que la variole fut introduite en Europe par les invasions arabes, suite à l'épidémie de la Mecque en 572. Cependant plusieurs savants ont aussi voulu voir la variole derrière l'épidémie qui frappa l'Empire romain durant le règne de Marc Aurèle, fréquemment nommée peste antonine. Le fléau s'est ensuite répandu dans le monde entier, causant, au cours des siècles, d'effroyables pandémies responsables de millions de morts. Elle est surtout la plus virulente des maladies qui décimèrent les populations amérindiennes lors de la conquête du Nouveau Monde, dès son arrivée en 1518.

Mécanisme

Il s'agit d'une maladie exclusivement inter-humaine ; il n'y a aucun réservoir de virus animal.

La porte d'entrée est habituellement les voies respiratoires, même si d'autres voies de contamination sont envisageables. Une première réplication virale se fait au niveau de l'épithélium des bronches, sans occasionner aucun symptôme. Le virus se diffuse ensuite dans le dispositif réticulo-endothélial et entraîne les premiers signes de la maladie. La première lésion se situe souvent au niveau du pharynx, donnant la possibilité ainsi le relargage des virus dans l'atmosphère. La peau est atteinte par transfert du virus à ce niveau par les macrophages.

La maladie, si elle ne tue pas le patient, est immunisante : toute réinfection par le même virus est impossible pendant des années (voire des décennies). D'autres sources affirment que l'immunité est durable à vie[1].

Éruption vésico-pustuleuse de la variole.

La période entre la contamination et la naissance des premiers signes (durée d'incubation) est classiquement de 10 à 14 jours. L'éruption est précédée par une fièvre durant quelques jours, avec frissons, maux de tête, nausées…

L'éruption est caractérisée par la naissance de taches rouges sur la peau, devenant des vésicules, puis des pustules avant de former une croûte. L'étendue en est variable et reste étroitement reliée à l'évolution de la maladie (une éruption qui plus est grande taille est un critère de gravité). Les lésions sont plus habituelles au niveau du visage et des paumes. La lésion est rarement hémorragique (saignante), mais est , dans ce cas, gravissime.

La variole était un fléau redoutable et redouté. Elle tuait un malade sur cinq (chez les adultes, près d'un malade sur trois). Lorsqu'elle ne tuait pas, elle laissait fréquemment un visage grêlé, défiguré à vie. Elle est toujours restée hors de portée d'un traitement efficace.

Le diagnostic différentiel doit être fait avec la varicelle. Cette dernière présente aussi une période d'incubation de 14 à 16 jours (extrêmes 10-21 jours), des prodromes tels que fièvre et céphalées, des éruptions sur le scalp, le tronc et le visage. La principale différence entre la variole et la varicelle : les lésions de la varicelle (dans l'ordre macules, papules, vésicules, croûtes) n'évoluent pas toutes en même temps. Il peut par conséquent y avoir en même temps des papules, vésicules etc. au contraire de la variole[3].

Lutte contre la variole

L'histoire de la lutte contre la variole peut se diviser en trois périodes : en premier lieu la phase de la variolisation, ensuite celle de la vaccination, et enfin celle de la campagne mondiale d'éradication (1958-1977).

Variolisation

En Inde, la variole est décrite dans les livres ayurvédiques. Le traitement curatif ayurvédique passait par l'inoculation d'un "matériau varioleux" vieux d'un an, issu des pustules de personnes ayant contracté la variole l'année précédente. L'efficacité de cette méthode a été attestée par le médecin britannique J. Z. Holwell dans un rapport au College of Physicians à Londres en 1767.

La première mention rédigée de la variole vient d'un médecin d'Alexandrie, Aaron. Dès le XIe siècle, les Chinois pratiquaient la variolisation : il s'agissait d'inoculer une forme qu'on espérait peu virulente de la maladie en mettant en contact la personne à immuniser avec le contenu de la substance suppurant des vésicules d'un malade. C'est le premier ministre Wang Dan qui après la perte d'un de ses fils de la variole avait convoqué divers praticiens de toute la Chine pour mettre au point une prophylaxie. Un moine taoïste apporta la technique d'inoculation qui se diffusa progressivement dans toute la Chine.

Mais ces origines précoces sont remises en causes par certains auteurs[4][5] et la première mention indiscutable de la variolisation apparaît en Chine au XVIe siècle[6].

Le résultat restait cependant aléatoire et risqué, le taux de mortalité pouvait atteindre 1 ou 2 %. La pratique s'est progressivement diffusée le long de la route de la soie. En 1701, Giacomo Pylarini réalise la première inoculation à Constantinople.

La technique est importée en occident au début du XVIIIe siècle, par Lady Mary Wortley Montagu, femme de l'ambassadeur de Grande-Bretagne en Turquie, qui l'apprend du docteur Emmanuel Timoni (ca 1670-1718) [7], médecin de l'ambassade de Grande-Bretagne à Istanbul. Diplômé de l'université de Padoue, membre de la Royal Society de Londres depuis 1703, le docteur Timoni publie en 1713 dans les Philosophical transactions de la Royal Society son traité sur l'inoculation. Son travail est publié de nouveau l'année suivante à Leipzig. À partir de cette date, les publications sur ce sujet se multiplient, Pylarino en 1715, Leduc et Maitland en 1722... Elle est introduite en France plus tard. La première inoculation véritablement médiatisée est celle pratiquée par le docteur Théodore Tronchin en 1756 sur les enfants du duc d'Orléans[8]. En 1760, Daniel Bernoulli démontra que, malgré les risques, la généralisation de cette pratique permettrait de gagner légèrement plus de trois ans d'espérance de vie à l'apparition. Elle suscita cependant l'hostilité de nombreux médecins[9].

Vaccination de Jenner

Pour la première fois, des années 1770 jusqu'en 1791, au moins six personnes ont testé, chacune de façon indépendante, la possibilité d'immuniser les humains de la variole en leur inoculant la variole des vaches, qui était présente sur les pis de la vache. Parmi les personnes qui ont fait les premiers essais, figurent en 1774, un fermier anglais au nom de Bejamin Jesty, et en 1791, un maitre d'école allemand du nom de Peter Plett[10]. En 1796, le médecin anglais Edward Jenner fera la même découverte et se battra afin qu'on reconnaisse officiellement le bon résultat de l'immunisation. Le 14 mai 1796, il inocula alors à un enfant du pus prélevé sur la main d'une fermière infectée par la vaccine (via le contact avec les pis de la vache infestée), ou variole des vaches («cow pox» en anglais). Trois mois plus tard, il inocula la variole à l'enfant, qui y résista, se révélant ainsi immunisé contre le virus. Cette pratique se répandit alors progressivement dans toute l'Europe. Néanmoins, la variole est restée endémique pendant tout le XIXe siècle et n'a progressivement disparu d'Europe qu'après la Première Guerre mondiale.

Pour l'anecdote, la vaccination à cette époque consistait à prélever du pus directement des pustules ainsi qu'à infecter les hommes avec [citation nécessaire] (ne pas oublier que Louis Pasteur et l'asepsie ne vinrent que plus tard). Et plutôt que de transporter une vache infestée, il était plus simple de se déplacer avec un homme récemment «vacciné» et qui présentait les pustules.

Éradication totale de la variole

Jeune fille du Bangladesh atteinte en 1973.

L'Union soviétique propose en 1958 d'éradiquer entièrement la variole, qui faisait alors 2 millions de victimes par an sur Terre. Le projet est repris la même année par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) [11]. La stratégie d'origine, proposée par l'URSS, estimait qu'un taux de vaccination de 80% suffirait à éradiquer le virus [11]. La campagne de vaccination se révèle néanmoins ardue à mettre en œuvre.

Le rapport final de la Commission mondiale pour la certification de l'éradication de l'OMS notait : «Les campagnes d'éradication reposant entièrement ou principalement sur la vaccination de masse furent couronnées de succès dans quelques pays mais échouèrent dans la majorité des cas. (... ) En Inde, cinq ans après une campagne nationale d'éradication entreprise en 1962 (55 595 cas), le nombre de notifications était plus grand (84 902 cas) qu'il ne l'avait jamais été depuis 1958. Il eût été extrêmement couteux et logistiquement complexe, sinon impossible, d'atteindre des niveaux bien plus élevés de couverture. Avec les moyens disponibles, il fallait totalement changer de stratégie.» [12]

L'OMS change alors de stratégie en 1967, mettant en œuvre la «stratégie de surveillance et d'endiguement» [11], qui consiste à isoler les cas ainsi qu'à vacciner tous ceux qui vivaient aux alentours de foyers d'épidémie. Une équipe mondiale est constituée sous la direction de l'Américain Donald Henderson.

La campagne d'éradication se heurta en premier lieu au problème d'identification des foyers d'infection, tous n'étant pas obligatoirement recensés. Le contexte social, culturel et politique joua aussi un rôle important. Ainsi, en Inde et au Bangladesh, énormément d'Hindous s'opposaient à la vaccination par peur d'offenser la déesse associée à la variole. En outre, une année, les pluies violentes lors de la mousson ont brisé les barrages et les digues, forçant la population à fuir, ce qui avait pour effet d'étendre à nouveau le foyer d'infection, lequel fut éradiqué au bout d'un an d'efforts. Le Soudan, lui, était plongé en pleine guerre civile, exposant les équipes de santé à des risques accrus (qui n'eurent néanmoins aucune victime à déplorer).

La dernière grande épidémie européenne de variole eut lieu en 1972 en Yougoslavie. Venue du Moyen-Orient, le virus infecta 175 personnes, dont 35 sont décédées. Le régime titiste déclara alors la loi martiale, imposa la quarantaine et entreprit une campagne massive de re-vaccination de la population, avec l'aide de l'OMS et de l'équipe de Henderson. L'épidémie fut endiguée en deux mois. Quelques années jusque là, un autre foyer d'infection s'était déclaré en Suède (mai-juillet 1963). Ce dernier fut aussi éradiqué via des mesures de quarantaine et de vaccination [13].

En décembre 1979, une commission scientifique déclara la variole éradiquée dans le monde entier, conclusion reprise par l'OMS en 1980 [14]. La vaccination fut supprimée suite à ce succès.

En France

La Troisième République rend la vaccination anti-variolique obligatoire en 1902. La dernière épidémie de variole date de novembre 1954 à Vannes. Le sergent Roger Debuigny rendait visite à sa famille dans le Morbihan, apportant avec lui de la soie de Saigon qui aurait été contaminée. Il y eut 16 morts sur 73 cas [15]. La variole a tué de nombreux hommes célèbres en France, dont, entre autres, le roi Louis XV.

Après 1980

Officiellement, deux souches sont conservées à des fins de recherche au Center for Disease Control (CDC) à Atlanta (USA) ainsi qu'à l'Institut d'État de virologie et de biotechnologie à Koltsovo (Russie). Ces deux laboratoires ont été originellement créés à des fins de guerre bactériologique lors de la guerre froide. Il y a peu de temps, et surtout suite aux attaques aux bacilles du charbon aux États-Unis en 2001, certaines institutions ont mis en avant l'usage envisageable de la variole comme arme biologique.

En 1999, un comité de l'OMS annonce que les réserves de vaccins disponibles sont trop limitées et qu'il faut relancer la production de vaccins. Un sondage de l'OMS de 1998 évaluait le nombre de doses disponibles au niveau mondial à 90 millions[14].

Dès lors, les États-Unis, la France et d'autres pays ont relancé la production de vaccin contre la variole, surtout après les attentats du 11 septembre 2001 et les attaques aux bacilles du charbon [citation nécessaire]. En France, un «plan gouvernemental de vaccination collective contre la variole» prévoit, dans l'hypothèse d'une réapparition du virus, un système de vaccination de la totalité de la population en 14 jours au sein d'unités de vaccination de base (UVB) réparties sur le territoire[16].

Monkeypox

Le Monkeypox ou orthopoxvirus simien ou virus de la variole du singe, qui circule de manière enzootique dans les forêts ombrophiles d'Afrique centrale et occidentale, peut se transmettre à l'homme, causant un syndrome dont les manifestations cliniques sont analogues à celles de la variole (éruption pustuleuse, fièvre, symptômes respiratoires avec une issue fatale occasionnellemen). CIM-10 : B04. [citation nécessaire]

Cowpox

Le même virus existe aussi chez les bovins, il s'agit du virus du cowpox. Le vaccin a été d'autre part fabriqué à l'origine grâce à des lambeaux de peaux de vaches infectées par le cowpox, les lieux avec pustules étants broyés et injectés ensuite en intraveineuse aux patients. Le nom de la toute première vache qui a permis a Edward Jenner de faire ce nouveau vaccin en 1796 était appelée Blossom. Ses cornes sont observables au musée Jenner à Berkeley en Angleterre.

Personnalités ayant été atteintes de la variole

Plusieurs personnages historiques ont contracté la variole :


Références

  1. Article au sujet de la variole sur le site Doctissimo
  2. Relevé Épidémiologique Hebdomadaire de l'OMS, 1er septembre 1978 n° 35, p 265-266
  3. Harrison, principes de médecine interne 16ème édition, pp 285, 1042
  4. Guide illustré des médecines d'Asie, collectif 1998 ISBN 2-88086-195-0
  5. Needham, Joseph. (1999). Science and Civilization in China : Volume 6, Biology and Biological Technology, Part 6, Medicine. Cambridge : Cambridge University Press. Page 154
  6. Une histoire des microbes p206 Patrick Berche 2007 ISBN 2-7420-0674-5
  7. Marie de Testa & Antoine Gautier, Une grande famille latine de l'Empire ottoman : les Timoni, médecins, drogmans et hommes d'église, in Drogmans et diplomates européens auprès de la Porte ottomane, éditions ISIS, Istanbul, 2003, pp. 235-255.
  8. Voir Catriona Seth, Les Rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole, Paris, Desjonquères, 2008.
  9. Voir C. Seth, Ibid.
  10. Sudhoffs Archiv, vol. 90 (2) p. 219-232, 2006, Stuttgart, Allemagne.
  11. Jean-Luc Martin-Lagardette (enquête de ), «L'obligation vaccinale est-elle toujours justifiée?», AgoraVox, septembre 2007 (pp. 13-14)
  12. Cité par Jean-Luc Martin-Lagardette, «L'obligation vaccinale est-elle toujours justifiée?», op. cit. - Rapport final de la Commission mondiale pour la Certification de l'Éradication
  13. Mondial Notes—Quarantine Measures Smallpox—Stockholm, in MMWR , 1996, vol. 45, n°25, pages 538-545, Suède, 1963.
  14. Smallpox sur le site de l'OMS
  15. «Il y a 50 ans, Vannes en proie à la variole devient «pestiféré»», Libération, 18 février 2005
  16. [pdf] Plan Variole sur le site du Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative

Bibliographie

Darmon (Pierre), La longue traque de la variole. Les pionniers de la médecine préventive, Paris, Perrin, 1986.

Seth (Catriona), Les rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole, Paris, Desjonquères, 2008.

Liens externes

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